
Exploration autour du texte « Le Jeu des Ombres » de Valère Novarina.
Informations
- Texte : Le Jeu des Ombres
- Auteur : Valère Novarina
- Dates : du 15 au 21 janvier 2024
- Lieu : leLabō (Lausanne)
- Avec : Shannon Granger, Jérémie Nicolet, Côme Veber et Lisa Wallinger
Présentation du Labō
leLabō invite à puiser dans le répertoire théâtral, poétique, littéraire… toute époque confondue. leLabō est destiné aux amoureux de la langue et du dire, de la pensée mise en mots. Il convie chaque artiste à partir sur les traces des récits et à sonder la complexité de l’âme humaine. leLabō est conçu comme un incubateur. Sa direction programme chaque année plusieurs ateliers ouverts à la profession et rémunérés par l’octroi de bourses. Ces ateliers se déclinent comme de petits modules d’exploration. L’espace de travail et les bourses ainsi offerts sont à considérer comme un soutien à l’essai, l’esquisse. Les artistes gardent la liberté de présenter leur travail pour un public choisi. Une programmation simultanée de modules au grand Labō et au petit Labō est privilégiée afin de favoriser la mise en partage et le croisement de pratiques différenciées. La direction artistique procède sur appel ou via la mise au concours de ces différents modules. Certains d’entre eux peuvent être soumis à des impératifs artistiques. Tout au long de l’année, leLabō s’engage dans plusieurs types d’actions artistiques, parfois continues, parfois uniques. leLabō est financé exclusivement par des fonds privés. Celui-ci est donc entièrement libre de sa ligne artistique et de ses choix. Afin d’assurer la présence d’une pluralité de pratiques artistiques, un comité est constitué et renouvelé d’année en année avec la mission d’apprécier et décider de l’octroi des bourses mises au concours.
Objectifs de recherche
Nous désirons travailler sur l’acte 1 du Jeu des Ombres de Valère Novarina. Dès le 1er acte, la pièce se démarque par sa poésie verbale, son exploration audacieuse des limites de la langue et la capacité des néologismes à créer des images mentales saisissantes. Durant ces quelques jours, nous visons à travailler sur l’importance du son et du rythme dans la langue novarinienne. Comment les sonorités peuvent-elles devenir un outil pour trouver du concret dans des mots qui ne le sont pas ? Les sons comme source d’humour ou de noirceur ? Par ailleurs, il nous paraissait intéressant qu’aucun des 4 interprètes n’ait jamais travaillé sur un texte de Novarina afin de pouvoir plonger dans cette écriture collectivement et de dévoluer entre l’abstraction de certaines scènes et le concret du mythe d’Orphée.
Extrait d’un entretien avec Rita Freda
En cherchant ce qui pouvait influencer la manière de dire un texte, on a répertorié quatre facteurs de modification de la parole, qu’on a nommé des FMP : le volume ; la hauteur ; la vitesse ; l’articulation. Pour explorer ces FMP, on a d’abord lu le texte tout en écoutant de la musique. Il s’agissait pour l’interprète de transposer les rythmes et les coupures rythmiques de la musique dans sa manière de dire le texte. On a travaillé ensuite sans musique. L’un de nous jouait le rôle du chef d’orchestre. Par des gestes, il indiquait aux autres le degré de volume, de vitesse, de hauteur ou d’articulation qu’on devait avoir pendant la lecture du texte. On a eu l’idée enfin de dessiner sur des pages des graphiques qui ressemblent à un système de coordonnées cartésiennes. Au milieu de chaque page, on a tracé une ligne horizontale pour représenter une voix parlée normale. On a tracé ensuite sur cette même page, de manière arbitraire, une autre ligne, qui pouvait prendre la forme d’escaliers, de vagues ou de montagnes, qui pouvait venir ou non croiser la première ligne, figurer en-dessous d’elle ou au-dessus d’elle. En se focalisant sur un des FMP, on devait lire le texte en suivant la partition qu’était cette seconde ligne. Selon que cette ligne figurait en-dessous ou au-dessus de la ligne médiane, on devait lire le texte : avec un volume sonore plus ou moins bas ou fort ; avec une hauteur de voix plus ou moins grave ou aigue ; avec une vitesse plus ou moins lente ou rapide ; avec une prononciation plus ou moins désarticulée ou articulée.
