
Enquête Dea Loher
Création janvier 2023 à l’école des Teintureries
UN CAUCHEMAR DISSONANT
ÉQUIPE DE CRÉATION
Une réserve naturelle va voir le jour
Un parc national, une biosphère
Les loups ne sont que le commencement; plus tard viendront des ours, des aigles royaux, si rares; des blaireaux; il y aura aussi des castors et même des loutres; il n’y a qu’avec les élans qu’il faut être prudent ils tendent à la surpopulation ce qui entraîne des problèmes de nourriture.
Des touristes viendront; d’abord la nature sauvage, puis les animaux,
puis les touristes.
Des cigales chanteront, des sources jailliront et il y aura à manger pour tous.
A la fin la région sera classée et obtiendra un label européen du fait de son attractivité.
Et une chose est claire, je serai là, dès le commencement,
Linda, qui a vu le premier loup de la biosphère.
Et Rainer travaillera là aussi, Rainer reviendra parce qu’il y aura du travail pour lui, que dis-je du travail, il sera responsable de tout le complexe du parc animalier, ce sera l’œuvre de sa vie la sienne et la mienne.
Rainer sait déjà tout sur l’extinction d’espèces animales menacées il est en stage de reconversion section auto-entrepreneur il s’est acheté la vie des animaux illustrée de Brehm en DVD et l’intégrale de Crocodile Dundee il a renouvelé sa garde-robe dans un Outdoor shop en ligne et porte désormais un chapeau comme dans Daktari aux bords crânement redressés il est déçu que la peau de serpent à la fois tenue de camouflage et veste chic soit du 100% polyester
Bof tant pis dit Rainer tout ne peut pas être véritable
pas dès le commencement.
- Textes Dea Loher
- Mise en scène Gian Manuel Rau
- Création lumière Julien Neumann
- avec Dolo Andaloro, Aurélien Batondor, Jeanne Matthey, Rita Moreira, Côme Veber, Igaëlle Venegas, Lisa Wallinger
Informations techniques
Durée : 160 minutes
Âge requis : 16 ans
Trigger Warning : Sang, suicide, vomis, stroboscopes, volume élevé, inceste
Dea Loher écrit des tragédies qui, si elles sont résolument contemporaines, échappent totalement au théâtre documentaire. Ses thèmes sont la violence, la dépendance, la culpabilité, la trahison et la liberté, sans oublier la quête perpétuelle de rédemption. Travaillant sur la dissonance plus que sur l’harmonie, elle fait émerger ce qui est dangereux entre les êtres humains, proposant un théâtre « sur le fil du rasoir ».
Si son langage crée les personnages, les drames qu’elle construit viennent d’une organicité obsédante, développant des espaces de jeu intenses et conflictuels. Sorte de Cassandre de la dramaturgie contemporaine, Dea Loher n’est pas moins politique qu’Euripide et Sophocle à leur époque, même si elle déploie son univers dans ce qui nous paraît quotidien, banal, invisible, se décrivant elle-même comme une « chiffonnière de la société ». Car, malgré leur violence et leur désolation, ses pièces déploient un axe comique puissant, fondé sur un amour fondamental pour l’humanité.
Pour les jeunes acteur.rice.s, il s’agit de transposer l’ensemble de la matière textuelle dans un engagement du corps afin de développer une partition physique et de langage pouvant traverser toute l’œuvre scénique et relier – voire superposer – les scènes les plus marquantes. L’objectif est de créer un projet d’ensemble farouche, trouvant son équilibre sur la démarche autonome et personnelle de chaque interprète.
Gian Manuel Rau
Photos Les Teintureries





